Avec une carrière
discographique remontant à 1969, Johnny Osbourne a été
le témoin de l’évolution de la musique jamaïcaine
: il a connu la naissance du reggae, celle du digital, ainsi que
celle du dancehall !
Errol Osbourne a.k.a Johnny Osbourne est né
en 1947 à Joneston, haut lieu du dancehall à Kingston
(Jamaïque). Il débute en 1967 en tant que choriste
des Wildcats, un groupe produit par Winston Riley, qui n’avait
pas franchement de succès. En 1969 toutefois, The Wildcats
parviennent à enregistrer un single grâce à
Coxsone Dodd et son label Studio One, il s’agit de «
All I Have Is Love ». Cette première expérience
musicale permettra par la suite à Johnny Osbourne d’enregistrer
son premier album solo « Come Back Darling » pour
Winston Riley en 1969.
Après cet album, il décide de
partir au Canada rejoindre sa famille et ne reviens que 10 ans
plus tard en Jamaïque où il entame alors une seconde
carrière, ponctuée de hits qui lui vaudront une
reconnaissance internationale et son surnom : « The Godfather
of Dancehall ».
Début 1980, il signe sur le label Studio One un album qui
deviendra un classique de la musique jamaïcaine : «
Truth and rights ». Cet opus est sans doute le meilleur
de Johnny Osbourne, on y retrouve des perles telles que «
Truth and rights », « Jah promise », «
Can’t buy love », etc. A la fois engagé textuellement
et très abouti sur le plan musical, cet album mélange
les rythmes du reggae, du rocksteady, mais également de
la soul des années 70. A l’époque, Johnny
Osbourne s’intéresse beaucoup aux productions R&B
américaines, il apprécie des chanteurs tels que
Nat King Cole, Brook Benton, Sam Cooke, Johnny Matis, etc. C’est
également la raison pour laquelle il décide de signer
sur le label de Clement "Coxsone" Dodd's, qu’il
considère comme le « Motown de Jamaïque ».
Ainsi, ses influences soul se retrouvent particulièrement
sur des titres comme « Love Jah So » et « We
Need Love ». Par ailleurs, on trouve sur cet album sans
doute un des morceaux qui va amener quelques années plus
tard à faire évoluer le reggae vers le dancehall
: « Sing Jah Stylee ». C’est ainsi que Johnny
Osbourne devient à l’époque un des chanteurs
les plus demandés en Jamaïque.
Après cet album, le chanteur entame
une longue collaboration avec son ami King Jammy. Ils enregistrent
tout d’abord le single « Folly Ranking » et
son album éponyme en 1980 sur le label King Jammy’s,
qui commence tout juste à se mettre en place.
Les années 80 sont prolifiques pour
Johnny Osbourne, il enchaîne les singles à succès
qui oscillent entre le rub A dub, le digital et le dancehall :
« Fally Lover » (1980), « Warrior » (1981),
« Never Stop Fighting » (1982), « Lend Me A
Chopper » (1983), « Yo Yo » et « Water
Pumping » (1984), « No Sound Like We », «
Budy Bye », « Get Cracking », « Rub a
Dub Soldier » (1985), « Keep that light » (1988),
etc. Tous ces titres demeurent des références incontournables
de la musique reggae.
Aujourd’hui encore, l’œuvre
de Sir Osbourne inspire les producteurs jamaïcains : le label
Massive B vient de sortir une nouvelle version du riddim Truh
& rights sur laquelle on retrouve Johnny Osbourne et Burro
Banton en combinaison. Autre fait emblématique qui montre
l’importance de cet artiste : il est difficile de trouver
un sound system qui ne joue pas de Johnny Osbourne ! Lui-même
se considère comme un « dub doctor » et continue
à produire des dubplates qui sont jouées lors de
la plupart des sound clash.
Ainsi, Johnny Osbourne peut être considéré
comme un des plus grands artistes jamaïcains. Il a su développer
son propre style, tout en transcendant les genres musicaux et
les générations d’amoureux du reggae.
Annietha
Gastard
Avril 2006
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